Boule de contradictions (c’est tout moi ça)

lundi 21 mars 2005

Nine yawns 

Posté à 22:46 dans Films et critiques

Nine songs est une provocation. Pas plus ; il me paraît en effet difficile d’appeler film cette suite inintéressante de concerts mal filmés et de scènes de sexe gratuites. Le réalisateur Michael Winterbottom se spécialise dans la provocation, et il est effectivement probable qu’une interdiction aux moins de 18 ans soit très vendeuse. Toutefois on aura beaucoup de mal à me convaincre d’aller voir l’un de ses prochains films.

“L’histoire” si l’on peut l’appeler ainsi, est la relation (sur un an) entre Matt et Lisa. Ils vont aller voir 9 concerts, et faire l’amour entre ; rien d’autre ne nous sera expliqué. À la fin ils se quittent ? Qu’importe dirai-je, tant ce film laisse indifférent : les acteurs sont inexpressifs, les personnages à peine exprimés…

La touche particulière du film, c’est donc le cul. Et en effet les scènes de sexe renvoient à un niveau proche du “touche-pipi” la pauvre Catherine Breillat, qui devra se surpasser la prochaine fois… On trouve, dans une “superbe” gradation : une masturbation de Kieran O’Brien par les pieds (!) de sa partenaire, une masturbation féminine avec un vibro, un cunilingus en gros plan, une éjaculation suite à une fellation, pour finir sur une scène de pénétration intégralement montrée. Tout cela est bien évidemment habilement coordonné : il arrive même que les personnages se parlent !

Rien à garder donc (la réalisation étant également indigente), si ce n’est la taille fort respectable du membre viril de Kieran O’Brien. C’est une bien piètre raison pour passer 69 minutes dans un cinéma, on aura tout intérêt à chercher les extraits les plus crus sur le net.

 

Affiche de 9 songs

lundi 7 mars 2005

Le promeneur au chapeau 

Posté à 22:58 dans Films et critiques

Le promeneur du champ de mars est le dernier film de Robert Guédiguian (Marius et Jeannette) ; il délaisse pour une fois ses thèmes de prédilection pour s’attaquer à une lourde tâche : adapter les dernier mois de François Mitterrand.

Je manque d’inspiration pour faire un commentaire, celui-ci sera donc (relativement) court. Comme il a été allègrement martelé dans la presse, le film est adapté d’un livre d’entretiens de Georges-Marc Benamou “Le dernier Mitterrand”. Celui-ci avait défrayé la chronique à son époque suite à certaines révélation, peu goûtées des amis du président (notamment une scène où ce dernier mange des ortolans, une espèce protégée). Mais le film de Guediguian est beaucoup moins sensationnel : toutes les moments polémiques ont été effacés. Les références politiques ont également été expurgées : aucun “éléphant” du P.S. n’est par exemple reconnaissable.

Suite à cela, le film m’a paru incomplet. Le rôle de Mitterrand est magistralement tenu par Michel Bouquet, mais je n’ai pas reconnu le personnage dont j’avais le souvenir dans celui qui est mis en scène. Parallèlement, le rôle du journaliste échoit à Jalil Lesper ; il est aussi fade que son personnage, totalement et légitimement éclipsé par le président, aurait dû l’être… Le coeur du film tourne autour de deux questions, la maladie du président et le rôle de Mitterrand sous l’occupation ; cette dernière question ne sera bien évidemment pas résolue… Les thèmes secondaires (l’histoire d’amour du journaliste ou l’engagement politique du président, totalement négligé) semblent quasi déplacés, et bien peu intéressants.

Que retenir de tout ça ? La prestation mimétique de Michel Bouquet avant tout. Mais le film contient beaucoup trop d’ellipses pour avoir un intérêt historique ; en tant qu’objet cinématographique il reste finalement non identifié, et est bien loin de (re?)lancer le genre de la biographie présidentielle, décidément inexistant en France.

 

Affiche du promeneur du Champ de Mars

lundi 28 février 2005

Vera 

Posté à 23:46 dans Films et critiques

Vera Drake est le dernier film de Mike Leigh, meilleur réalisateur aux British Academy Awards pour le fim, Lion d’or à Venise. Il traite d’un sujet encore remarquablement d’actualité (voir les fracassantes récentes déclarations de Jean-Paul II sur le sujet) : le droit à l’avortement. Le film se passe en 1949, en Angleterre, où l’avortement est illégal, sauf si la santé de la mère ou de l’enfant sont en danger.

Vera Drake est une vieille femme de 50 ans environ, vivant avec son mari (mécanicien), son fils, et sa fille. La journée elle est femme de ménage chez des particuliers, ou aide sa mère, seule chez elle. Le soir elle fait à manger pour sa famille ; mais parfois, en rentrant chez elle, elle aide des jeunes filles “à avoir de nouveau leurs rêgles”. Pourquoi Vera fait-elle ça ? On ne le saura jamais vraiment, mais on perçoit l’absolue nécessité que représente cette tâche pour elle ; elle ne vit pas dans la peur d’être arrêtée car sait qu’elle fait le bien.

Le film a de nombreuses forces : le personnage de Vera, l’actrice qui l’interprète magistralement (Imelda Staunton, meilleure actrice à Londres, Venise, Vancouver…, nominée aux Oscars), l’intéressante galerie de portraits que constitue sa famille, la qualité de la reconstitution… Malgré tout ça, je suis ressorti très frustré ; en effet le film est purement descriptif, et n’explique nullement les enjeux ; par moment on peut le qualifier “d’évident” : comment ne pas tomber sous le charme de Vera ? C’est bien sûr cohérent avec le milieu ouvrier peu éduqué dans lequel les personnages évoluent, mais peu satisfaisant pour le spectateur. Certes on apprend quelques choses (comment pratiquer un avortement avec un savon par exemple), mais rien sur, par exemple, l’abrogation de la loi. Le film est par ailleurs un peu répétitif, et un peu long (125min) : au bout du 5ème ou 6ème avortement la répétition s’installe. La 2ème partie du film (car Vera se fera finalement arrêter) est également assez linéaire et nous apprend peu de choses : le procès se déroule avec Vera comme spectatrice, un peu comme nous. Plutôt que de guider, on a l’impression que le réalisateur y assiste aussi.

Je ne suis donc pas spécialement enthousiasmé. Toutefois la prestation fantastique des acteurs peut justifier d’aller voir le film, que je qualifierai “d’insuffisamment politique”.

 

Affiche de Vera Drake

dimanche 27 février 2005

Nouveau chez google 

Posté à 02:32 dans Actualité & liens, Films et critiques

Une nouvelle fonction de recherche a fait son apparition chez Google. En tappant “movie:” dans la liste des mots clés l’utilisateur n’obtient que des résultats tirés de critiques de films. Plus que pratique. [Via Ni vu ni connu, qui m’aura rappelé l’existence de l’exécrable In the cut de Jane Campion].

samedi 26 février 2005

Les temps de vaches maigres 

Posté à 23:21 dans Films et critiques

The edukators est un film allemand, au titre (comme d’habitude) mal traduit : le titre original était “les années de vaches grasses sont révolues”. Cette phrase est le message que laissent deux des personnages principaux, Jan et Peter, dans les villas dans lesquelles ils s’introduisent. Afin d’exprimer leur rébellion (leur orientation politique étant assez bien décrite par “anarcho-communistes”, sans la connotation potentiellement négative que cette locution peut avoir), ils déplacent les meubles dans des maisons de riches bourgeois, afin que ceux-ci ne se sentent plus en sécurité chez eux.

Ce petit jeu connaît un couac quand, après s’être introduits chez un homme à qui Jule (la petite amie de Peter) doit de l’argent, ils se font surprendre. Paniqués, ils l’assoment et l’emmênent avec eux dans un chalet isolé. Là commence une cohabitation hasardeuse entre ces 4 personnes, leur “prisonnier” tentant avec une certaine habileté de les monter les uns contre les autres. Il utilise pour cela l’histoire d’amour naissante entre Jan et Jule, mais aussi le fait qu’il était lui aussi anarchiste en 1968, avant de “rentrer dans le rang”. La scène où il explique le pourquoi d’une transition de manifestant dans la rue à homme riche vivant à fleur de lac sonne d’ailleurs parfaitement vraie.

L’histoire du film se résume donc assez rapidement, et j’ai personnellement regretté que le film soit aussi long (127 minutes). Après avoir vu la bande annonce on a d’ailleurs l’impression que l’otage met bien trop longtemps à être capturé ; de façon générale le film est mou, et je me suis souvent ennuyé. Il faut ajouter à cela une réalisation indigente ; le réalisateur aurait pu choisir une approche proche du dogme de Lars Vons Trier, qui aurait correspondu au caractère révolutionnaire de ses personnages. Las, ce n’est pas l’option qu’il a retenue, et la réalisation est “seulement” baclée ; l’utilisation d’une caméra numérique rend par ailleurs certaines scènes graphiquement laides (couleurs brulées…). Les acteurs jouent correctement, mais sans plus (petite déception pour Daniel Brühl, excellent dans Good Bye Lenin).

Le principal intérêt du film est (pour moi) de confronter ces jeunes rebelles à ce “reconverti”. Il y a un côté à la fois intéressant et désespérant à montrer que la contestation finit forcément par se diluer. À ce titre, la seule chose qui réhabilite (en partie) le film est sa dernière scène ; eux qui ne l’ont pas vu sont invités à sauter la fin de ce paragraphe. Spoilers Hardenberg (l’otage, que Jan, Jule et Peter ont libéré) est assis chez lui et réfléchit. Naïvement je pensais qu’il reconsidérait sa vie de riche patron ; en fait il décidait d’envoyer la police chez ses kidnappeurs (qui se sont enfuis entre temps). On évite ainsi habilement le happy end, et le propos du film est fortement renforcé.

Un film assez moyen donc, que je ne recommenderai pas forcément. À n’aller voir que pour son message et la fin. En lisant les critiques sur Allocine, je viens de m’apercevoir que beaucoup d’entre eux trouvaient le film manichéen. Apparemment affirmer que l’embourgeoisement est une fatalité est un sujet tabou et une faute de goût ; je dois être plus révolutionnaire que je ne le pensais :-).

 

Affiche de The edukators

mardi 22 février 2005

Tu marcheras sur la mer morte 

Posté à 17:46 dans Films et critiques

Tu marcheras sur l’eau est un superbe film Israëlien sur la mémoire et l’acceptation de l’autre. L’histoire est a priori simple. Eyal (Lior Ashkenazi) est un agent du Mossad ; son supérieur lui confie une mission, retrouver trace d’un ancien officier Nazi, Himmelman, celui là même qui est responsable de la mort de sa mère. Pour cela il va servir de guide au petit-fils d’Himmelman, Axel (Knut Berger) ; ce sera également pour Axel l’occasion de retrouver sa soeur Pia, qui a rompu les ponts avec sa famille.

La relation guide-touriste entre Axel et Eyal est complexe et mouvementée. La vision Européenne du conflit Israëlo-Musulman d’Axel se heurte à la perception qu’en a Eyal, qui vit les attentats au jour le jour ; la vision des musulmans de ce dernier est d’ailleurs très négative . Pour Eyal, difficile également de côtoyer un Allemand, qu’il juge responsable de l’holocauste (en dépit de l’âge d’Axel). Enfin, le fait qu’Axel soit gay (et qu’Eyal s’en rende compte très tard) contribue à compliquer leurs relations.

En parallèle on apprend par Pia qu’Axel ne sait pas que son grand-père est vivant ; c’est d’ailleurs d’avoir appris cela (ainsi que le fait de savoir que ses parents protègent l’ancien officier) qui a poussé Pia à partir d’Allemagne. La mission d’Eyal est donc un échec, et Axel repart en Allemagne sans rien lui avoir rien révélé d’utile. Mais aussi sans avoir réussi à convaincre sa soeur de rentrer.

En effet, le but originel de sa venue était d’inviter sa soeur à la fête d’anniversaire des 50 ans de son père. Le supérieur d’Eyal suppose alors (à raison) que le grand-père sera lui aussi présent ; Eyal est envoyé en Allemagne, chez Axel qui l’a invité. Là-bas il apprend qu’il n’est en fait pas en mission officielle, mais qu’il agit seulement sur l’impulsion de son supérieur. Et lorsque le vieil homme Nazi fait son apparition, la marche à suivre devient subitement bien floue.

Tu marcheras sur l’eau aborde, avec brio, de nombreuses idées : le pardon, la haine, le passé et le présent… La perception d’autrui est au coeur du film : vision des Allemands et des Musulmans par les Juifs, vision du passé Nazi de leurs parents par Pia et Axel ; de cela nul ne ressort blanc, tel Axel qui prone devant un Eyal surpris la mort de néo-nazis ayant agressé trois de ses amies drag-queen. Les acteurs jouent de façon irréprochable leurs personnages, tout particulièrement les deux rôles titres ; certaines scènes sont hilarantes, et doivent beaucoup à leur interprétation. Enfin, sans rien révèler, force est d’admettre que la fin est source de réflexion.

Un film qui mérite vraiment d’être vu, par exemple après La Chute, auquel il apporte un contrepoint intéressant. À noter une intéressante interview du réalisateur dans e-llico (attirons de l’audience : il paraîtrait que Lior Ashkenazi a eu des relations homosexuelles pendant son service militaire).

 

Affiche de Tu marcheras sur l’eau

vendredi 18 février 2005

Melinda × 2 

Posté à 19:56 dans Films et critiques

Dernier Woody Allen en date, Melinda et Melinda est pour moi une déception. Depuis longtemps certains critiques trouvent que le cinéaste ne se renouvelle pas assez ; pour la première fois je ne suis pas loin de partager leur avis.

Il y a dans ce film deux Melinda (jouées par la même actrice, Radha Mitchell) ; son histoire est en effet racontée deux fois, selon un angle tragique et selon un angle comique. Car telle est, ou plutôt telles sont les thèses contradictoires de Woody ; un de ses personnages estime que “l’existence humaine n’a en vérité rien de drôle, elle est pathétique”, alors que l’autre pense que “si les philosophes disent de la vie qu’elle est absurde, c’est parce qu’on finit toujours par en rire, et que nous en avons besoin !”. Melinda va servir d’illustration à ce propos, en entrant dans la vie de deux couples ; à travers elle va naître infidélité mais aussi amour.

L’idée est bonne, mais je trouve qu’il est difficile d’accrocher au film. Les deux histoires se ressemblent (forcément), et il est parfois difficile de les différencier si on ne fait pas preuve d’un peu d’attention (ce qui n’était pas mon cas). Plus génant, il y a finalement assez peu de différences entre le drame et la farce, et seule la fin du récit diverge vraiment entre les deux histoires. Misanthropie bien connue de Woody Allen, suggérant que même comique la vie est cruelle ? Peut-être. La réalisation est langoureuse, et sert parfaitement l’histoire. Mais la façon de traiter le scénarioe ne me convainc décidément pas.

Argh, encore en désaccord avec Matoo. Ça devient une habitude.

 

Affiche de Melinda et Melinda

lundi 7 février 2005

Pollux : métaphore pour un couple 

Posté à 15:01 dans Bouts de vie, Films et critiques

Trainé de force accompagné par mon homme, je suis allé voir Pollux et le manège enchanté hier soir. L’histoire est un peu simplette, et comme je ne connaissais pour ainsi dire pas les personnages du manège, je me suis un peu ennuyé. J’ai toutefois été très agréablement surpris par les graphismes en 3D ; je les ai trouvés très différent de dessins animés tels que Nemo, mais parfaitement réussis. La technique a en tout cas remarquablement progressé de ce côté là, d’autant plus que le film est franco-britannique.

Le film aura quand même été l’occasion de plusieurs crises de fou rire, tant la description de Pollux semblait coller à ma moitié par moments (paresseux, gourmand, gaffeur…) ; la scêne de “torture” (pendant laquelle le tortionnaire, mal inspiré, lui donne du sucre à manger) était à ce titre particulièrement drôle. Mais le mien est aussi mignon, attentionné (des fois), fou de moi et il n’a que 3 2 pattes, donc tout ne correspond pas.

Par contre il a trouvé que le côté tyrannique de Zabadie (le méchant) me ressemblait beaucoup ; sûrement une erreur.

 

Affiche de Pollux et le manège enchanté

vendredi 28 janvier 2005

Closer : entre adultes pas si consentants ? 

Posté à 23:55 dans Films et critiques

Closer ; gardons le titre anglais, j’expliquerai pourquoi plus bas. L’histoire de quatre personnes, de deux hommes et de deux femmes (Julia Roberts, Natalie Portman, Jude Law, Clive Owen), de deux couples ; d’un peu plus que tout cela.

Londres. Un homme et une femme s’apprêtent à traverser une rue, au ralenti. Damien Rice chante (superbement) The blower’s daughter et les mots “I can’t take my eyes off of you” résument parfaitement l’image : entre Alice (Portman) et Dan (Law), c’est le coup de foudre.

Londres. Plusieurs mois se sont écoulés, mais le spectateur n’est pas prévenu immédiatement. Ce système d’ellipses temporelles (sytématiques, mais introduites avec beaucoup de finess) est une des forces du film car il permet de s’attarder sur l’évolution de la relation entre les personnages. Et à chaque fois on ne peut s’empêcher de penser que même si tout a changé, tout reste finalement comme avant.
Londres donc. Dan est photographié par Anna (Roberts), et flashe sur elle. Elle lui demande si il a quelqu’un ; Oui, quelqu’un d’inquittable. Anna repousse ses avances, mais Alice apprend indirectement l’infidélité de Dan.

Londres, peu de temps après. Suite à une séance de cyber-sexe torride dans laquelle il se fait passer pour Anna, Dan provoque sa rencontre avec Larry (Owen) ; mais plutôt qu’un pervers, Anna découvre un homme séduisant.

Closer c’est donc l’histoire d’un chassé-croisé entre ces 4 personnes, qui vont s’aimer, se tromper, se quitter, se retrouver. Sans qu’on sache vraiment qui finira avec qui, ni même qui voudrait être avec qui. Quatre personnages avec chacun leur personnalité, très éloignées : Dan, Londonien peu assuré, écrit des nécrologies dans un journal ; son premier roman, sur Alice, est un bide. Anna est une photographe à succès, spécialisée dans les portraits d’inconnus, Larry un médecin un peu rustre. Et Alice est une jeune américaine, tout juste débarquée de New-York, ancienne strip-teaseuse.

Les acteurs sont tous excellents, souvent loin des registres qu’on leur connaît. Jude Law apparaît vulnérable, très différent de ses rôles glaçants dans Stalingrad ou Le Talentueux M. Ripley ; sexy as hell too (surtout avec ses lunettes). Natalie Portman est assurée et séductrice ; certaines de ses scènes devraient faire rougir le bon Georges Lucas, et c’est tant mieux. Julia Roberts semble alterner entre certitude et doute, entre force et faiblesse, mais reste toujours juste. Enfin, Clive Owen est une excellente surprise, parfaitement choisi pour ce rôle d’homme viril quasiment macho à qui, surprise supplémentaire, tout semble réussir.

La réalisation de Mike Nichols (qui a récemment signé la mini-séries Angels in America) est excellente à tous points de vue, avec notamment des musiques extrêmement bien choisies. Même si les situations de l’intrigue sont extrêmes, l’identification fonctionne remarquablement et on se demande ce qu’on ferait à la place des personnages. Car les thèmes sont universels : l’amour (finalement à peine montré, étant donné qu’on ne voit que les moments de “crise”), mais également l’infidélité, la rupture, l’après… Je n’ai pu m’empêcher de faire un rapprochement avec un autre film récent sur le couple, le très médiocre 5×2 de François Ozon.

Le titre anglais était “Closer” ; en France “Entre adultes consentants” à été rajouté, alors que l’affiche anglaise est sous-titrée If you believe in live at first sight, you never stop looking. Et les personnages sont bien “consentants” pour s’abandonner à un autre, mais certainement pas pour être laissé pour, voire partagé avec, un autre. Tromper oui, être trompé non.

Un film violent, brutal, dérangeant parfois, sur l’amour et ses limites, sur le désir. Surtout un film superbe, tranchant comme une épée. À voir.

 

Affiche anglaise de Closer

mercredi 26 janvier 2005

Garçon ennuyeux 

Posté à 16:25 dans Films et critiques, Homosessualité

Poussé par de bonnes critiques, je suis allé voir Garçon stupide au MK2 Beaubourg ; et comme à chaque fois que je vais voir un de ces films gays un peu sombres dont le Festival Gay et Lesbien de Paris semble raffoler (il était au programme du festival 2004), je rentre déçu. Warning, j’ai raté les 10 premières minutes.

La vie de Loïc est réglée : travail à la chaîne en journée, baise sur Lausanne le soir avec des garçons rencontrés par internet. Il dort chez une amie, Marie, à qui il raconte tout ; elle ne veut pas tout entendre, mais joue le rôle de sa mère. Malgré le titre, Loïc n’est pas stupide ; mais il manque (cruellement) d’éducation et n’arrive pas à exprimer, voire même concevoir, des sentiments. Ses plans cul ne sont pas plus que ça : de la baise. Mais le jour où une de ses rencontres mentionne l’existence du désir, Loïc est déconcerté. Plus tard, lorsque Marie rencontre quelqu’un, il est jaloux.

Tous ces éléments sont prometteurs, les acteurs sont bons, mais la mayonnaise ne prend pas. Loïc est naïf et attachant, mais l’histoire trop tirée par les cheveux ; quand il tombe amoureux d’un footballeur dont il a vu la photo dans un magazine, on se dit que son évolution va un peu trop vite. Et la fin, trop “chabadabada” pour reprendre Télérama, ne convainc pas.

Un bel essai, mais pas transformé.

 

Affiche de Garçon stupide

mardi 18 janvier 2005

La chute 

Posté à 20:48 dans Films et critiques

La chute, c’est celle d’Hitler, pendant les derniers jours du IIIeReich. Beaucoup de choses ont déjà été dites sur ce film ; un résumé détaillé ne serait pas non plus utile, je vais donc essayer une critique moins formattée.

En France, le film a été accusé de rendre Hitler humain, un parti pris qui serait dangereux. À cela je serais tenté de répondre que montrer un monstre tel qu’Hitler sous un angle humain permet de rappeler que l’indicible et l’inhumain peuvent s’incarner. Pourquoi devrait-on avoir peur d’une telle vérité ?
Mais surtout, où voir de l’humanité dans le personnage parfaitement interprété par Bruno Ganz ? Dans sa manière prévenante d’accueillir sa future secrétaire ? Il y fait déjà preuve de partialité en choisissant d’office une Munichoise. Dans sa manière - ridicule - d’embrasser Eva Braun ? Il n’en reste pas moins ses éruptions de violence en entendant la défection de ses généraux, ou son mépris souverain pour le peuple Allemand qui l’aurait trahi, et qui doit mourir si lui-même ne vit pas. Hitler est bien un monstre, et c’est là tout le message qui est transmis.

Plus encore que Hitler, il semble que les choix cinématographiques du réalisateur (Oliver Hirschbiegel) dérangent. Son approche quasi documentaire (filmer sans juger explicitement) est semble-t-il impardonnable pour certains ; petit florilège de critiques :

Les auteurs se sont défendus de tout dessein historique ou politique; ils voulaient montrer l’événement. Ils ne montrent guère: leur réalité ne dépasse pas la consistance d’un téléfilm. Et puis montrer a-t-il un sens en pareil cas ? (Positif)

Refusant de tenir un discours particulier sur son sujet, Eichinger adopte, sans aucun recul, les principes de mise en scène du cinéma classique de fiction (cadrage, musique, montage…) qui tissent ontologiquement des liens empathiques entre le regardant (le spectateur) et le regardé (le personnage). (L’Express)

Une succession de tableaux où absolument rien n’advient de cinématographique, où l’exécution d’un programme d’illustration des inévitables facettes de la fin du IIIe Reich aurait pu être scénarisée par un ordinateur robot programmé avec des scènes de films de guerre américains de troisième catégorie. Un pensum bruyant et racoleur. (Cahiers du Cinéma)

Le spectateur ne serait donc pas capable d’émettre un jugement “valable” sans l’aide du réalisateur. Une vision insultante pour nous, et étrange quand on sait que le film n’a pas déchaîné la même quantité de critiques en Allemagne. En France, certaines choses sont-elles irrémédiablement taboues ?

Pour un spectateur doté d’une capacité de jugement, on retiendra un film impeccablement réalisé, qui nous plonge dans les derniers jours du régime. Au milieu des généraux qui trahiront Hitler, soit en s’enfuyant, soit en tentant de négocier leur place auprès des Alliés ; peu resteront fidèles jusqu’au bout. On retiendra également (en sus de celle de Bruno Ganz), l’interprétation superbe des acteurs, et en particulier Ulrich Matthes qui compose un Goebbels ignoble. Certaines scênes sont terrifiantes, telle celle où Magda Goebbels tue ses enfants afin qu’ils ne vivent pas dans un pays sans National-Socialisme. D’autres, dans les rues, rappellent le soutien populaire que recevait le régime d’Hitler en Allemagne ; l’embrigadement volontaire des enfants, qui “jouent au petit soldat” pour défendre une rue laisse un goût amer.

La Chute c’est l’histoire d’un déclin, celui de tout le Reich face aux troupe Soviétiques. Mais c’est aussi l’histoire de la folie ordinaire d’hommes (l’entourage d’Hitler), voire d’un pays. Et surtout, c’est un portrait terrifiant car parfaitement réel des dernières heures d’un des plus grandes monstres de l’histoire. À voir absolument, pour mieux comprendre notre propre histoire.

 

Affiche anglaise de la chute

jeudi 13 janvier 2005

La juppette vaincra 

Posté à 00:35 dans Films et critiques

Désolé ami UMPiste, ce post n’est pas à caractère politique.

Ce soir, Alexandre (d’Oliver Stone) au Gaumont Italie : les navets sont toujours plus savoureux sur grand écran. Le film avait reçu beaucoup d’échos préalables dans la presse gay, Stone ayant promis de montrer la bisexualité d’Alexandre. Un barrage de déclarations inverses, faisant état d’une suppression quasi complète de toutes les scènes “litigieuses”, suite à des pressions de la Warner, m’ont décidé à aller le voir. Non les costumes antiques n’y sont pour rien.

Alexandre (Colin Farell, à qui la jupe va plutôt bien (zut, trahi !)), est donc un grand conquérant peroxydé ; la chimie de l’antiquité était décidément plus avancée que ce je croyais. Force est de reconnaître que si son coiffeur est très doué, le reste de son entourage l’est beaucoup moins.

On commence par son père Philippe II, roi borgne de Macédoine, joué par Val Kilmer. Celui-ci montre comme toujours un jeu d’acteur remarquable, qui conduit toutefois à l ‘interrogation suivante : aurait-il être encore moins expressif s’il avait été complètement aveugle ?

Vient ensuite Anthony Hopkins qui campe un Ptolémée vieillissant, narrateur a posteriori de l’histoire, et pharaon d’Égypte. Point de salut non plus dans ce rôle ingrat de vieil homme se remémorant ses aventures passées, et les dictant à ses scribes esclaves.

Mais le clou du spectacle est très certainement Angelina Jolie, qui campe la mère dominatrice et manipulatrice d’Alexandre. Le fait que les deux acteurs aient en fait le même âge n’a pas échappé qui Stone, qui use des toutes dernières avancées en matière de maquillage pour la vieillir : 1cm de mascara = 10 ans. Sa crédibilité est bien heureusement renforcée par son accent grecque (en VO tout au moins), à base de “r” roulés, qui ferait mourir d’envie un Lord Écossais.

Seul vraie bonne surprise du casting Jared Leto, qui incarne avec beaucoup de justesse Héphaistion, l’amant et compagnon d’Alexandre. Leur relation, si elle n’est pas montrée à travers de scènes sexuellement explicites est tout de même parfaitement claire. Plus que bisexuel, Alexandre apparaît avant tout comme homosexuel (en dépit d’un mariage clairement présenté comme étant de convenance). On retiendra l’amusante formule Alexander was only defeated once, and that was by Hephaistion’s thighs..

Toute cette amusante galerie de personnage est complétée par une pléthore (une bonne douzaine) de personnages tertiaires, amis d’enfance d’Alexandre ou généraux de son père. Ceux-ci qui commencent par l’aider avant de s’opposer à lui, et finissent souvent par en mourir. Ce schéma, répétitif à l’extrême, est compliqué par l’abondance de ces personnages qu’on ne peut s’empêcher de mélanger.

Au centre de tout ce petit monde, Alexandre cherche à venger son père de Darius (roi des Perses, respondable présumer de la mort de ce dernier). Cela le conduira tout d’abord à Babylone, puis de fil en aiguille au coeur de l’Orient : contre l’avis de ses généraux, il décide de pousser ses conquêtes “libératrices” là où personne n’est encore jamais allé. Alternent alors dans le film des scènes de bataille, impressionnantes mais brouillonnes (Alexandre triomphant d’une armée Perse 10 fois supérieure à la sienne en nombre en plein coeur d’un désert, cela laisse surtout un souvenir de nuage de sable…), et de longues scènes d’introspection et de doutes (faut-il rentrer ou continuer ?).

Un fil à voir pour se faire une idée, mais probablement pour être déçu.

 

Affiche de Alexandre

dimanche 9 janvier 2005

Les temps qui changent (doucement) 

Posté à 21:43 dans Films et critiques

“Les temps qui changent” est le dernier film d’André Téchiné. Celui-ci retrouve pour la 5ème fois Catherine Deneuve ; parallèlement, celle-ci retrouve pour la 6ème fois Gérard Depardieu, autre “poids lourd” de l’affiche. Possibilité d’un air de déjà vu donc, mais ce n’était pas mon cas et j’y suis allé sans a priori.

Cécile, la cinquantaine (Deneuve, plus réelle que dans beaucoup de ses films récents, peut-être parce que non maquillée) est présentatrice dans une émission de radio à Tanger. Elles est marié à Natan (Gilbert Melki), un médecin avec peu de clients, qui boit ; un mariage qui semble durer plus grâce à l’inertie que par la force de leur amour. Le film la découvre se rendant à l’aéroport pour accueillir son fils Sami (Malik Zidi), sa compagne Nadia, et le fils de Nadia, qui arrivent de Paris. L’occasion de s’échanger quelques reproches mère-fils somme toute bien habituels.

Arrive alors un ancien amour de Cécile, Antoine Lavau (Depardieu). Celui-ci, ingénieur en bâtiment, a cherché pendant des années à obtenir un poste à Tanger afin de la revoir ; son amour (intact, contrairement à celui de Cécile), le pousse à lui révéler ses sentiments. Cécile le renvoie, ne voyant en lui plus qu’un amour de jeunesse datant de plus 20 ans.

Parallèlement à l’histoire principale, on découvre les liens qui unissent Sami à Saïd, son amant marocain, qui n’a jamais voulu le suivre à Paris. Ceux-ci reprennent bien vite leurs relations, délaissant ce faisant Nadia. Cette dernière tente sans succès de revoir sa soeur jumelle Aïcha, qui ne veut plus avoir de rapport avec elle, Nadia ayant plus ou moins abandonné sa famille Marocaine. Ces trames parallèles (bien qu’intéressantes) laissent toutefois une impression de greffe ayant partiellement échouée, leur rapport avec le thème du film étant peu évident. L’homosexualité de Saïd par exemple semble complêtement gratuite.

Le coeur du film est donc à trouver dans la relation Deneuve-Depardieu. Ceux-ci sont parfaits dans leurs rôles respectifs, tout particulièrement Depardieu. Épousant parfaitement son personnage d’ingénieur, il transmet dans chacun de ses gestes sa passion pour Cécile, allant même jusqu’à tenter d’en appeler à la magie. Celle-ci, d’abord plus que réticente, doit également considérer sa relation peu satisfaisante avec son mari.

Les temps qui changent, titre étrange pour un film qui reste finalement assez statique. Plus que les temps, ce sont les sentiments qui se délient, qui se nouent, qui se recréent. En cela Téchiné réussit un film interrogateur, où regrets et frustration s’entremêlent, mais dans lequel rien n’est inéluctable : tout peut finir par devenir tel qu’on le souhaite.
Un bon film donc, même si je ne partage pas les critiques dithyrambiques qui ont accompagné sa sortie (ayant trouvé le montage un peu mou par moment). Il reste tout de même une très belle réflexion sur l’amour : avec qui a-t-on envie d’être, à cet instant précis ?

 

Affiche des temps qui changent

 
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