The edukators est un film allemand, au titre (comme d’habitude) mal traduit : le titre original était “les années de vaches grasses sont révolues”. Cette phrase est le message que laissent deux des personnages principaux, Jan et Peter, dans les villas dans lesquelles ils s’introduisent. Afin d’exprimer leur rébellion (leur orientation politique étant assez bien décrite par “anarcho-communistes”, sans la connotation potentiellement négative que cette locution peut avoir), ils déplacent les meubles dans des maisons de riches bourgeois, afin que ceux-ci ne se sentent plus en sécurité chez eux.

Ce petit jeu connaît un couac quand, après s’être introduits chez un homme à qui Jule (la petite amie de Peter) doit de l’argent, ils se font surprendre. Paniqués, ils l’assoment et l’emmênent avec eux dans un chalet isolé. Là commence une cohabitation hasardeuse entre ces 4 personnes, leur “prisonnier” tentant avec une certaine habileté de les monter les uns contre les autres. Il utilise pour cela l’histoire d’amour naissante entre Jan et Jule, mais aussi le fait qu’il était lui aussi anarchiste en 1968, avant de “rentrer dans le rang”. La scène où il explique le pourquoi d’une transition de manifestant dans la rue à homme riche vivant à fleur de lac sonne d’ailleurs parfaitement vraie.

L’histoire du film se résume donc assez rapidement, et j’ai personnellement regretté que le film soit aussi long (127 minutes). Après avoir vu la bande annonce on a d’ailleurs l’impression que l’otage met bien trop longtemps à être capturé ; de façon générale le film est mou, et je me suis souvent ennuyé. Il faut ajouter à cela une réalisation indigente ; le réalisateur aurait pu choisir une approche proche du dogme de Lars Vons Trier, qui aurait correspondu au caractère révolutionnaire de ses personnages. Las, ce n’est pas l’option qu’il a retenue, et la réalisation est “seulement” baclée ; l’utilisation d’une caméra numérique rend par ailleurs certaines scènes graphiquement laides (couleurs brulées…). Les acteurs jouent correctement, mais sans plus (petite déception pour Daniel Brühl, excellent dans Good Bye Lenin).

Le principal intérêt du film est (pour moi) de confronter ces jeunes rebelles à ce “reconverti”. Il y a un côté à la fois intéressant et désespérant à montrer que la contestation finit forcément par se diluer. À ce titre, la seule chose qui réhabilite (en partie) le film est sa dernière scène ; eux qui ne l’ont pas vu sont invités à sauter la fin de ce paragraphe. Spoilers Hardenberg (l’otage, que Jan, Jule et Peter ont libéré) est assis chez lui et réfléchit. Naïvement je pensais qu’il reconsidérait sa vie de riche patron ; en fait il décidait d’envoyer la police chez ses kidnappeurs (qui se sont enfuis entre temps). On évite ainsi habilement le happy end, et le propos du film est fortement renforcé.

Un film assez moyen donc, que je ne recommenderai pas forcément. À n’aller voir que pour son message et la fin. En lisant les critiques sur Allocine, je viens de m’apercevoir que beaucoup d’entre eux trouvaient le film manichéen. Apparemment affirmer que l’embourgeoisement est une fatalité est un sujet tabou et une faute de goût ; je dois être plus révolutionnaire que je ne le pensais :-).

 

Affiche de The edukators