Closer ; gardons le titre anglais, j’expliquerai pourquoi plus bas. L’histoire de quatre personnes, de deux hommes et de deux femmes (Julia Roberts, Natalie Portman, Jude Law, Clive Owen), de deux couples ; d’un peu plus que tout cela.

Londres. Un homme et une femme s’apprêtent à traverser une rue, au ralenti. Damien Rice chante (superbement) The blower’s daughter et les mots “I can’t take my eyes off of you” résument parfaitement l’image : entre Alice (Portman) et Dan (Law), c’est le coup de foudre.

Londres. Plusieurs mois se sont écoulés, mais le spectateur n’est pas prévenu immédiatement. Ce système d’ellipses temporelles (sytématiques, mais introduites avec beaucoup de finess) est une des forces du film car il permet de s’attarder sur l’évolution de la relation entre les personnages. Et à chaque fois on ne peut s’empêcher de penser que même si tout a changé, tout reste finalement comme avant.
Londres donc. Dan est photographié par Anna (Roberts), et flashe sur elle. Elle lui demande si il a quelqu’un ; Oui, quelqu’un d’inquittable. Anna repousse ses avances, mais Alice apprend indirectement l’infidélité de Dan.

Londres, peu de temps après. Suite à une séance de cyber-sexe torride dans laquelle il se fait passer pour Anna, Dan provoque sa rencontre avec Larry (Owen) ; mais plutôt qu’un pervers, Anna découvre un homme séduisant.

Closer c’est donc l’histoire d’un chassé-croisé entre ces 4 personnes, qui vont s’aimer, se tromper, se quitter, se retrouver. Sans qu’on sache vraiment qui finira avec qui, ni même qui voudrait être avec qui. Quatre personnages avec chacun leur personnalité, très éloignées : Dan, Londonien peu assuré, écrit des nécrologies dans un journal ; son premier roman, sur Alice, est un bide. Anna est une photographe à succès, spécialisée dans les portraits d’inconnus, Larry un médecin un peu rustre. Et Alice est une jeune américaine, tout juste débarquée de New-York, ancienne strip-teaseuse.

Les acteurs sont tous excellents, souvent loin des registres qu’on leur connaît. Jude Law apparaît vulnérable, très différent de ses rôles glaçants dans Stalingrad ou Le Talentueux M. Ripley ; sexy as hell too (surtout avec ses lunettes). Natalie Portman est assurée et séductrice ; certaines de ses scènes devraient faire rougir le bon Georges Lucas, et c’est tant mieux. Julia Roberts semble alterner entre certitude et doute, entre force et faiblesse, mais reste toujours juste. Enfin, Clive Owen est une excellente surprise, parfaitement choisi pour ce rôle d’homme viril quasiment macho à qui, surprise supplémentaire, tout semble réussir.

La réalisation de Mike Nichols (qui a récemment signé la mini-séries Angels in America) est excellente à tous points de vue, avec notamment des musiques extrêmement bien choisies. Même si les situations de l’intrigue sont extrêmes, l’identification fonctionne remarquablement et on se demande ce qu’on ferait à la place des personnages. Car les thèmes sont universels : l’amour (finalement à peine montré, étant donné qu’on ne voit que les moments de “crise”), mais également l’infidélité, la rupture, l’après… Je n’ai pu m’empêcher de faire un rapprochement avec un autre film récent sur le couple, le très médiocre 5×2 de François Ozon.

Le titre anglais était “Closer” ; en France “Entre adultes consentants” à été rajouté, alors que l’affiche anglaise est sous-titrée If you believe in live at first sight, you never stop looking. Et les personnages sont bien “consentants” pour s’abandonner à un autre, mais certainement pas pour être laissé pour, voire partagé avec, un autre. Tromper oui, être trompé non.

Un film violent, brutal, dérangeant parfois, sur l’amour et ses limites, sur le désir. Surtout un film superbe, tranchant comme une épée. À voir.

 

Affiche anglaise de Closer