Boule de contradictions (c’est tout moi ça)

Posté le dimanche 9 janvier 2005 à 21:43 dans Films et critiques

Les temps qui changent (doucement) 

“Les temps qui changent” est le dernier film d’André Téchiné. Celui-ci retrouve pour la 5ème fois Catherine Deneuve ; parallèlement, celle-ci retrouve pour la 6ème fois Gérard Depardieu, autre “poids lourd” de l’affiche. Possibilité d’un air de déjà vu donc, mais ce n’était pas mon cas et j’y suis allé sans a priori.

Cécile, la cinquantaine (Deneuve, plus réelle que dans beaucoup de ses films récents, peut-être parce que non maquillée) est présentatrice dans une émission de radio à Tanger. Elles est marié à Natan (Gilbert Melki), un médecin avec peu de clients, qui boit ; un mariage qui semble durer plus grâce à l’inertie que par la force de leur amour. Le film la découvre se rendant à l’aéroport pour accueillir son fils Sami (Malik Zidi), sa compagne Nadia, et le fils de Nadia, qui arrivent de Paris. L’occasion de s’échanger quelques reproches mère-fils somme toute bien habituels.

Arrive alors un ancien amour de Cécile, Antoine Lavau (Depardieu). Celui-ci, ingénieur en bâtiment, a cherché pendant des années à obtenir un poste à Tanger afin de la revoir ; son amour (intact, contrairement à celui de Cécile), le pousse à lui révéler ses sentiments. Cécile le renvoie, ne voyant en lui plus qu’un amour de jeunesse datant de plus 20 ans.

Parallèlement à l’histoire principale, on découvre les liens qui unissent Sami à Saïd, son amant marocain, qui n’a jamais voulu le suivre à Paris. Ceux-ci reprennent bien vite leurs relations, délaissant ce faisant Nadia. Cette dernière tente sans succès de revoir sa soeur jumelle Aïcha, qui ne veut plus avoir de rapport avec elle, Nadia ayant plus ou moins abandonné sa famille Marocaine. Ces trames parallèles (bien qu’intéressantes) laissent toutefois une impression de greffe ayant partiellement échouée, leur rapport avec le thème du film étant peu évident. L’homosexualité de Saïd par exemple semble complêtement gratuite.

Le coeur du film est donc à trouver dans la relation Deneuve-Depardieu. Ceux-ci sont parfaits dans leurs rôles respectifs, tout particulièrement Depardieu. Épousant parfaitement son personnage d’ingénieur, il transmet dans chacun de ses gestes sa passion pour Cécile, allant même jusqu’à tenter d’en appeler à la magie. Celle-ci, d’abord plus que réticente, doit également considérer sa relation peu satisfaisante avec son mari.

Les temps qui changent, titre étrange pour un film qui reste finalement assez statique. Plus que les temps, ce sont les sentiments qui se délient, qui se nouent, qui se recréent. En cela Téchiné réussit un film interrogateur, où regrets et frustration s’entremêlent, mais dans lequel rien n’est inéluctable : tout peut finir par devenir tel qu’on le souhaite.
Un bon film donc, même si je ne partage pas les critiques dithyrambiques qui ont accompagné sa sortie (ayant trouvé le montage un peu mou par moment). Il reste tout de même une très belle réflexion sur l’amour : avec qui a-t-on envie d’être, à cet instant précis ?

 

Affiche des temps qui changent

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